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En préparation du Colloque "Vers une symbolique unitaire
universelle? Les voies de la trans-connaissance",
à l'occasion du 16ème VideoArt Festival, Locarno, le 3 septembre
1995
Dans une période de plus en plus médiatisée, la compréhension est souvent présentée comme un état auquel on arrive à l'aide de certains services: l'information, l'enseignement, des cours d'apprentissage. Beaucoup de logiciels et d'outils audio-visuels sont proposés en vue de cette compréhension. La compréhension est donc devenue un produit que certains vendent, même à des prix fort élevés.
L'utilité de cette compréhension n'est pas à nier. Elle est, bien entendu, unitaire dans le sens que toute compréhension relie les composants d'un ensemble. L'ensemble peut prendre des aspects mécanique, dynamique, esthétique ou symbolique -- et même tous à la fois. Cette compréhension est tellement importante qu'il est facile de croire qu'elle suffit dans la société complexe d'aujourd'hui. Les facilitées d'Internet, et les fruits cognitifs de tout voyage à travers ses réseaux encouragent une certaine complaisance enthousiaste. Voila le cadre de communication pour le vingt-et-unième siècle!
Malheureusement, peut-être, ce genre de compréhension a ses limites. Elles se manifestent à la rencontre de deux compréhensions apparemment incompatibles. De là viennent des guerres de religions, de territoires, et de cartes cognitives. Les résultats sont présentés dans les médias tous les jours.
Afin de porter remède à cette crise de fragmentation, l'on nous propose différents cadres d'intégration. Pour les uns c'est la cybernétique, pour d'autres c'est l'une ou l'autre philosophie, et puis il y a une multitude de systèmes de croyance -- chacun offre une solution à sa manière. Les guerres continuent pourtant.
Pour les spécialistes de la symbolique, tout semble relativement clair. Il est vrai qu'une symbolique peut indiquer la voie d'une compréhension unitaire. Elle peut même être cette voie. Mais la compréhension unitaire, la trans-connaissance ne vient pas automatiquement d'une maîtrise de la symbolique. Chaque religion a ses symbolistes qui appuient bien des actions meurtrières.
Il y a donc un double problème de compréhension et de communication -- avec le défi traditionnel que ce qui est le plus important à comprendre est ce qui est le plus difficile à communiquer -- malgré sa simplicité tant affirmée. Il ne suffit pas de dire que l'essentiel se comprend de différentes manières, selon différentes écoles. Car il est clair que les maîtres d'écoles ont beaucoup de mal à s'entendre, s'ils en ont même l'ambition.
C'est ainsi que nous arrivons au potentiel mal exploré de l'esthétique -- surtout appuyé par l'ordinateur. Ce qui le distingue des autres approches, c'est la gestion délibérée des contraires. Les contrastes font partie de l'expérience -- ils en sont même l'essentiel. Cependant, les artistes, comme les symbolistes, ne sont pas des modèles de l'entente.
Donc il reste un pont à construire. Car nous nous perdons bien trop facilement dans des expériences esthétiques de tous genres -- pour certains c'est l'essentiel de l'expérience esthétique. Comment employer l'esthétique comme onde porteur d'une connaissance qui établit des résonnances fertiles entre des perspectives différentes? Comment marier l'esthétique et le savoir afin de donner le minimum de stabilité essentielle à une connaissance qui pourrait s'appeler une trans-connaissance?
Et le paradoxe dans tout cela? Malheureusement, si ce pont offre une perspective nouvelle, cela risque d'être au prix de la réalisation que chacune des écoles a profondément raison dans le même mesure qu'elle reconnait avoir profondément tort. En principe il y a des outils symboliques pour gérer ces différents, mais sans la gestion de la complexité esthétique offerte par les ordinateurs, une compréhension collective, à temps, risque de nous échapper.
La connaissance naît de la reconnaissance de ce que l'on ne sait pas. Une communication électronique avec l'autre bout du monde, fait comprendre la nature de l'espace qui permet l'un de vivre son aube pendant que l'autre vit son crépuscule. Quelle est la nature et l'esthétique de l'espace qui peut réconcilier les religions du monde au sein d'une union nouvelle -- ni simpliste, ni stérile et ni ennuyeuse?
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